Docteure en Histoire de l’Art, Université Michel de Montaigne, Bordeaux III
Critique d’art, membre de l’AICA
Commissaire d’expositions
Louise-Margot Décombas a grandi à Clermont-Ferrand. Elle arpente les cités Michelin et observe avec attention les paysages de maisons ouvrières qui participent de son imaginaire ancré dans un réel populaire. Il en est de même pour les cités balnéaires de la côte méditerranéenne où elle passe ses vacances en famille. Ses œuvres, sculpturales et photographiques, sont nourries de ses souvenirs, de l’empreinte de formes, de matériaux, de couleurs, de corps.
L’artiste travaille à partir de formes vouées à disparaître, de matériaux désuets, d’environnements méprisés et invisibilisés. L’architecture des cités balnéaires est générique, collective, tournée vers la mer. Il n’est donc pas étonnant que Louise-Margot Décombas ait reproduit un balcon recouvert d’un lourd crépi rosé. L’artiste transforme l’échelle du balcon, trop petit pour être fonctionnel, trop grand pour être un jouet. Parce qu’il y a là aussi l’idée d’une maison de poupée, d’une cabane d’enfant que l’artiste transpose dans le présent.
Les photographies renvoient aux jeux de plages, aux couleurs criardes des maillots de bain, au sable collé sur la peau, aux jouets en plastique, aux châteaux de sable et aux serviettes éponges. L’artiste photographie régulièrement des éléments de son quotidien. Les images constituent une base de données de matières rugueuses, de corps fragmentés, de couleurs. Elle photographie à la manière d’une sculpteure.
Pour la Biennale de la Jeune Création, elle réalise une œuvre inédite qui rassemble l’objet et le corps. La douche de plage, qui fonctionne ici comme une fontaine, hybride en effet l’objet fonctionnel et des bribes de corps agrégés au béton cellulaire. Le bassin est recouvert de carreaux de mosaïque, qui, comme le crépi, le béton, le plexiglas, le polystyrène et la résine participent d’une architecture vernaculaire et joyeusement populaire.
In Catalogue de la 13e Biennale de la jeune création, La Graineterie, Houilles, 2020
Douche froide, 2020, 195 x 185 x 130 cm, béton cellulaire, bois, plâtre, résine acrylique, mosaïque, résine époxy, peinture glycérophtalique, pompe